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Débat


 


Qui a peur de la psychanalyse?
Willy Apollon

Comment penser une évaluation d'un traitement psychanalytique des psychoses
Lucie Cantin

 

Comment penser une évaluation
d'un traitement psychanalytique des psychoses

Lucie Cantin
La cure psychanalytique du psychotique. Enjeux et stratégies (2008), Éditions Giifric, Québec : 87-120.

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« …j’ai constaté depuis longtemps que le destin inéluctable
de la psychanalyse est d’inciter les hommes
à la contredire et de les exaspérer. »
Sigmund Freud

Le point de vue à partir duquel j’aborderai la question de l’évaluation du traitement psychanalytique est déterminé d’abord par le contexte nord-américain et québécois où nous nous trouvons et où la clinique de la psychose est devenue tributaire des courants actuels dominés par la psychiatrie biologique et les neurosciences. Un tel contexte définit aussi bien sûr le type et les critères d’évaluation auxquels sont généralement soumis les programmes cliniques offerts aux psychotiques. Plutôt qu’une véritable évaluation de l’efficacité d’un traitement sur la base des résultats cliniques obtenus, il s’agira la plupart du temps de mesurer la conformité de ces programmes avec les standards établis dans les guides de pratiques psychiatriques de l’époque ou encore avec les lois et les normes gouvernementales en vigueur.

Une évaluation «clinico-administrative» du Centre psychanalytique de traitement pour psychotiques : Le «388», que nous dirigeons à Québec, a ainsi été confiée en 2002 à des experts qui n’étaient ni psychanalystes, ni nécessairement favorables à l’application de la psychanalyse aux psychoses. Après avoir situé les circonstances qui ont entouré cette évaluation et ses conclusions, je m’attarderai surtout à la problématique clinique qui est la nôtre au «388», en établissant le cadre, les conditions et les mécanismes qui définissent ce que nous, psychanalystes, mettons en place comme évaluation du traitement.

La clinique psychanalytique de la psychose telle qu’elle s’est développée depuis 1982 à Québec est inédite et doit sa notoriété, entre autres, aux résultats qu’elle obtient. À cet égard, avant d’entrer dans la question de l’évaluation qui nous occupe ici, je ferai quelques remarques concernant le développement de cette problématique nouvelle qui sous-tend notre pratique analytique avec les psychotiques. Tout en suivant la voie ouverte par Freud et Lacan, nous nous sommes attardés non pas tant à déterminer l’origine de la psychose mais à relever le défi de la traiter avec la psychanalyse. Willy Apollon a ainsi introduit un ensemble de développements nouveaux dans la métapsychologie freudienne et opéré un certain nombre de déplacements majeurs dans l’approche de la psychose qui ont permis de penser les conditions nécessaires au traitement et à la cure psychanalytique du psychotique. Parmi ces apports décisifs, on notera ici la redéfinition du transfert et de la position de l’analyste ; une approche de la psychose dont la logique est repensée à partir de la structure de l’expérience du sujet, du «travail spontané» et de l’entreprise où est engagé le psychotique ; une conception de la crise psychotique et de son traitement à l’intérieur du cadre soutenu par le transfert ; le travail du rêve et la logique de la cure. En même temps, articulée à ce travail depuis vingt-six ans à travers les discussions et séminaires hebdomadaires, une pratique quotidienne avec les psychotiques nous a permis à ma collègue Danielle Bergeron et moi de développer, d’établir et de mettre en œuvre les moyens, stratégies et procédés de cette clinique psychanalytique de la psychose, notamment en ce qui concerne l’installation et le maniement du transfert, l’interpellation du sujet psychotique et le soutien de sa parole aux différentes étapes de la cure, l’utilisation du rêve dans la mise en cause du délire et de l’entreprise psychotiques, la gestion de la crise à l’intérieur du transfert, la contrainte éthique face au savoir nouveau produit dans la cure.

 

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