Du
sexe à l’amour en passant par le corps et l’Autre,
il serait bon, même si risqué, de tenter de cerner ce
hors-langage qui nous hante et spécifie cette humanité
à quoi nous confronte la mondialisation aujourd’hui et
dont la science ne peut pas nous apprendre grand-chose pour le moment.
Déjà en effet cette tentative est risquée comme
telle, en ce qu’elle peut offusquer la recevabilité culturelle
mais pouvons-nous nous en passer et continuer à jouer à
l’aveugle, sourd et muet. Ce serait à quel prix?
Le sexe, ce mal-entendu, où les cultures nous tiennent, à
l’écart du féminin et de tout ce qu’il suppose
de la jouissance, révèle de mieux en mieux le piège
ou la prison où le meilleur et le plus dangereux, mais pour
qui, de nos 20 ans s’est estompé à l’ombre
d’un impropre au dire. Ce sexe, peu importe mais pas sans compter
avec la multiplicité de sa présentation aujourd’hui,
n’en reste pas moins une entreprise décisive dans la
mise en œuvre du compagnonnage dont le langage fait outil dans
la définition du collectif. Comme si la censure ainsi calculée
ou démultipliée de la féminité permettait
l’identification d’un « nous » en conditionnant
le choix ou le rejet de « l’autre » en fonction
de critères et de normes propres à la conservation des
valeurs et des croyances du collectif. Le féminicide se maintenait
ainsi dans ses racines et dans son évolution comme la condition
du racisme rendant impossible la suppression de l’un sans le
déracinement de l’autre.
Le corps, cette île perdue qui échappe au scalpel de
la science comme à ses microscopes, entend bien soustraire
l’inaccès de sa singularité tant à l’universalité
que soutient l’observation de l’organisme qu’aux
impératifs culturels que doit exprimer le montage du sexuel.
Au cours des étapes du développement de l’être
parlant, ce corps est devenu le résultat ou la mémoire
d’expériences vécues, intimes mais jamais nommées,
dans une culture accréditée par les croyances et valeurs
d’une civilisation qui modèle et formate le membre du
collectif avec des règles et des interdits qui censurent du
langage une part importante de ce vécu jugée irrecevable.
L’inscription, comme lettres du corps, de ces événements
sans identité culturelle en fait le livre secret des im-postures
qui animent et hantent l’intimité subjective. «
Et si c’était vrai! » devient ainsi le leitmotiv
vain qui anime l’énergie que la lettre du corps prélève
à l’organisme.
Mais l’Autre, cet extraterrestre, dont le statut est celui d’une
quasi-hypothèse pour l’être retranché dans
son corps, cet Autre auquel le langage ne donne que l’accès
déterminé par la culture devient à la fois l’objet
d’un espoir, mais à quel risque, sinon d’une crainte,
mais sans défense. Car après tout cet Autre il faut
le satisfaire et il n’est pas sans exigence. Ce qu’il
attend de nous, du moins en apparence dans un premier temps, sinon
c’est le scandale, c’est ce que la culture lui promet
comme bénéfice de l’adresse. Le deuxième
temps est pire, là même où nous faisons semblant
de ne pas le savoir. Car ce qu’on lui donne, rate toujours le
coche. Ce n’est jamais tout à fait ce sur quoi il comptait.
Aussi l’escompte de l’être dans son adresse à
l’Autre prend la dimension suspecte d’une quête
mystérieuse menée à l’insu de l’interlocuteur.
Aussi le « Je t’aime. Moi non plus » qui résume
la non-histoire des couples qui se déchirent, dévoile
à peine le mal-entendu que le montage culturel du sexuel entretient
dans l’adresse à un Autre d’un vécu subjectif
qui cherche à se maintenir en dépit de ce montage. Pourtant
l’époque que nous traversons grâce à la
mondialisation nous confronte au retour d’une adolescence trahie
et perdue où la quête qui hantait et traversait le corps,
transcendait les enjeux du montage comme les objectifs culturels protégés
par l’impropre au dire, en escompte d’une humanité
à peine entrevue.
Comme si notre nouveau souci pour l’humain au-delà des
confrontations des cultures et des civilisations qui les crédibilisent,
trouvait ses espoirs dans l’espace ouvert par tous ces problèmes,
comme la pandémie ou le réchauffement global, sans oublier
la censure du féminin et tant d’autres, dont les solutions
requièrent la participation de tous au-delà des frontières
et des nations. Cela exige en quelque sorte un arrêt des hostilités
nécessaire à la reconnaissance de ce que chaque civilisation
apporte du meilleur de l’humain pour rendre possible enfin une
coopération dans le dialogue. L’esthétique d’une
telle ouverture à ce qu’en aucun cas on ne voudrait perdre,
une chance enfin pour l’adresse, rendrait-elle la lettre du
corps accessible à l’accueil de l’Autre là
où l’amour languissait d’y échouer en y
perdant tout sens?
Coût pour les 5 conférences : 250$
Dates :
10 novembre 2021
19 janvier 2022
2 mars 2022
4 mai 2022
8 juin 2022
Chaque conférence commence à 19h00. Les conférences
auront lieu sur la plateforme Zoom. La veille de chaque conférence
les personnes inscrites recevront le lien URL qui permettra de se
joindre à la réunion.
Date limite d'inscription : 8 novembre 2021